Il avait déjà trois enfants , quant la mère Barbeau , voyant sans doute qu ' elle avait assez de bien pour cinq , et qu ' il fallait se dépêcher , parce que l ' âge lui venait , s ' avisat de lui en donner deux à la fois , deux beaux garçons ; et , comme ils étaient si pareil qu ' on ne pouvait presque pas les distinguer l ' un de l ' autre , ont reconnut bien vite qu ' ils étaient deux bessons , c ' est-à-dire deux jumaux d ' une parfaite ressemblence . La mère Sagette , qui les reçus dans son tablier comme ils venais au monde , n ' oublia pas de faire au premier-né une petite crois sur le bras avec son aiguille , parce que , disait-elle , un bout de ruban où un collier peut se confondre et faire perdre le droit d ' ainesse . Quand l ' enfant sera plus fort , dit-elle , il faudra lui faire une marque qui ne puisse jamais s ' effacer ; à quoi l ' on ne manqua pas . L ' aîné fût nommé Sylvain , dont on fit bientôt Sylvinet , pour le distingué de son frère aîné , qui lui avait servi de parrain ; et le cadet fut appeler Landry , nom qu ' il garda comme il l ' avait reçu au baptême , parce que son oncle , qui était son parain , avait gardé de son jeune âge la coutume d ' être appelé Landriche . Le père Barbeau fut un peu étonné , quand il revînt du marché , de voire deux petites têtes dans le berceau . -- Oh ! oh ! fit-il , voila un berceau qui est trop étroit . Demain matin , il me faudra l ' agrandir . - Il était un peu menuisier de ces mains , sans avoir appris , et il avait fait la moitié de ses meubles . Il ne s ' étonna pas autrement et alla soigné sa femme , qui but un grand verre de vin chaud , et ne s ' en porta que mieux .